On oppose parfois ces deux concepts, comme si le premier bridait le second. Et si au contraire, il était possible d’être créatif de manière lean ? C’est, en tout cas, l’approche adoptée par notre équipe design pour tenter de répondre à une question qui nous posait problème : comment améliorer l’effet wahou de nos écrans ?
En tant que Directrice de Création, c’est une question que je me pose (et qu’on me pose) quotidiennement. Et jusqu’à présent, je donnais l’impression de faire “au feeling” car j’avais beaucoup de mal à expliquer mon process créatif.
Mais quand on évolue dans une entreprise tech avec une forte culture lean, le “feeling" ne suffit pas ! Marek Kalnik (CTO) et Héloïse Bonan (Head of design) m’ont donc proposée d’organiser une journée Kaizen pour m’aider à rationaliser mon savoir-faire et ainsi pouvoir le transmettre plus efficacement au reste de l’équipe.
En japonais, “kaizen” signifie amélioration continue. Dans le lean, le kaizen est un processus bien connu qui consiste à apporter de petites améliorations quotidiennes pour éliminer les problèmes et optimiser les méthodes de travail de manière progressive.
Lors d’une journée Kaizen, le principe reste le même, mais condensé sur une seule journée. On ciblera alors un problème bien précis, auquel une amélioration significative peut être apportée au terme d’une réflexion menée en 2 temps :
Nous avons partagé ces 2 temps entre le matin et l’après-midi, en déroulant les 6 étapes qui les composent.
Comment savoir si nous nous sommes améliorés si l’on ne sait pas d’où l’on est parti ? La première étape consiste donc à déterminer notre niveau de départ et surtout, une manière de le mesurer.
Pour ce faire, nous avons demandé à 10 BAMers, tous métiers confondus, d’attribuer une note (de 0 à 10) à 22 écrans d’accueil d’apps mobiles réalisés par nos designers. Les scores obtenus (calculés à la manière d’un NPS) ont permis de dégager des pièces fortes et des pièces faibles.
💡 N.B. : les résultats auraient certainement varié avec un échantillon plus large, plus diversifié ou encore dans le cœur de cible de chaque application. Nous avons choisi de procéder ainsi, car l’important dans cet exercice est de pouvoir comparer les résultats tout au long de la journée, et donc de pouvoir solliciter le même panel à tout moment.
En observant attentivement les processus actuels, on va chercher à identifier les problèmes et les hiérarchiser en fonction de leur impact sur l’objectif choisi, dans notre cas l’effet wahou.
Nous avons donc observé les différents écrans en essayant de déterminer ce qui en faisait une pièce forte ou une pièce faible. En regroupant nos observations, nous avons pu lister 6 facteurs agissant sur l’effet wahou : couleurs, iconographies et forme, typographie, structure de la page, tendance et niveau d’humanisation.
Cette étape est axée sur la recherche de solutions pour résoudre les problèmes identifiés à l’étape précédente. Plus concrètement, pour chaque facteur identifié, nous avons déterminé quels semblaient être les critères “wahou” ou “pas wahou”.
Mais il ne s’agit là que d’hypothèses… Pour les vérifier, nous avons repris chaque écran en attribuant ou en retirant des points en fonction de chaque critère “wahou” ou “pas wahou”. Résultat : pour chacun, l’indicateur obtenu fut cohérent avec le score attribué par le panel, ce qui va bien dans le sens nos hypothèses.
🎁 Bonus : retrouvez la liste des facteurs et des critères identifiés ici.
On va maintenant tester une ou plusieurs de ces solutions dans un environnement contrôlé afin de s’assurer de leur efficacité et de leur faisabilité. On pourra ensuite standardiser les solutions qui se seront révélées efficaces pour assurer la cohérence des résultats.
Nous nous sommes divisés en 3 groupes homogènes. Chaque groupe s’est vu attribuer un écran à améliorer en implémentant des “critères wahou”, déterminés à l’étape précédente. Ces itérations se sont faites en 2 fois 30 minutes : d’abord en agissant sur la structure de la page, puis sur l’iconographie ou inversement.
C’est l'étape de la consolidation et de la capitalisation des gains obtenus. Elle consiste à évaluer les résultats de manière objective pour consolider les solutions les plus efficaces afin de les intégrer dans nos processus et assurer ainsi leur continuité et leur durabilité.
Nous avons soumis chaque itération au même panel initial et de la même façon. Et roulement de tambour… nous avons amélioré les scores jusqu’à 60 points !
Nous avons pu, entre autre, nous rendre compte qu’agir sur un seul critère avait peu d’impact, voire aucun. C’est la synergie de 2 critères qui permet une nette amélioration des scores.
Aborder la créativité de manière lean fut une expérience nouvelle pour tous les designers impliqués dans cette journée. Ces apprentissages ont été consolidés dans un nouveau standard, aujourd’hui utilisé par toutes les équipes sur leurs projets et qui facilite la formation des nouveaux arrivants.
Mais au-delà d’améliorer significativement nos process actuels et donc la qualité de nos livrables, ce que je retiens avant tout de cette journée est la motivation et l’engagement des designers. Cette journée a été l’occasion de renforcer encore plus l’esprit d’équipe, pourtant déjà très fort chez BAM.
Et vous, comment intégrez-vous le lean dans votre métier ? N’hésitez pas à me contacter pour en discuter !